Paroles de préfets

Michel Moncheny | 16/08/2021

Paroles de préfets

Dans un entretien accordé récemment à La Gazette, Monsieur Hugues Moutouh nouveau Préfet de l’Hérault déclare à propos de la rénovation des quartiers difficiles : ” On ne règle pas tout avec des milliards. Il faut responsabiliser les populations et éviter de concentrer tous les problèmes au même endroit. Sinon le risque c’est la ghettoïsation” . On ne peut que souscrire à cette affirmation. Encore faut-il la mettre en application lorsqu’un dossier concret se présente, par exemple celui du projet de nouveau collège devant recevoir les élèves des communes de Juvignac et Saint-Georges d’Orques et ceux du quartier voisin de la ville de Montpellier, concerné par la mise en œuvre du plan ANRU de La Paillade. Concernant ce plan, le Préfet en poste en 2018 précisait : ” Il est extrêmement important de bien réfléchir au parti pris d’urbanisme, à la liaison entre La Paillade et les quartiers environnants : Euromédecine évidemment mais aussi les Constellations de Juvignac et la commune de Grabels “.

Ce projet de collège comporte de toute évidence un volet social devant avoir comme objectif d’améliorer les résultats scolaires des élèves d’un quartier de Montpellier a priori défavorisé. Cet objectif est parfaitement louable et doit être recherché. Encore faut-il définir et choisir la solution la mieux à même d’obtenir le résultat souhaité. L’emplacement du futur collège, très proche de La Paillade, que propose le maire de Juvignac, répond certes au souci de liaison exprimé en 2018 par le préfet Pouëssel. Mais il présente aussi le risque de ghettoïsation que craint fort justement le nouveau préfet. En effet, le site choisi qu’occupe actuellement le terrain de football de Juvignac est plus proche de La Paillade et des Constellations que de la plupart des autres quartiers de Juvignac et a fortiori de Saint Georges d’Orques. De plus la superficie de ce terrain est insuffisante pour pouvoir y réaliser un collège doté de tous les équipements nécessaires à un bon fonctionnement.

En conclusion, un tel choix se traduirait par l’implantation d’un collège sous-équipé, au détriment de ses utilisateurs, élèves et enseignants, alors qu’au contraire la réussite de ce projet de mixité sociale requiert de mettre à disposition un outil de travail situé dans un endroit géographiquement neutre, accueillant et doté de tous les moyens d’un établissement du 21e siècle.

C’est précisément ce qu’avait anticipé une étude réalisée il y a quelques années par les deux communes concernées, intitulée : » Projet complexe sportif et réserve foncière groupe scolaire « , visant une zone de Juvignac mitoyenne de Saint Georges.
Pour quelles (mauvaises) raisons cette étude est-elle cachée ?
Pourquoi ne pas mettre en balance dans un débat technique et public les avantages et les inconvénients de ces deux propositions ?